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Le rappeur Orelsan : entre succès et sexisme

  • Photo du rédacteur: Anthony Deléglise
    Anthony Deléglise
  • 14 juin 2017
  • 18 min de lecture


Aujourd’hui, grâce à Internet, et surtout les réseaux sociaux, qui permettent une diffusion massive et rapide de différents contenus, de nombreux inconnus deviennent de réels artistes, passant de leur domicile à la scène, en peu de temps. C’est par ce chemin qu’Orelsan, jeune rappeur français, aujourd’hui âgé de 33 ans, s’est fait connaître, et qu’il a pu emprunter la voie du succès depuis 2009. Pourtant, son parcours n’a pas toujours été accompagné de cette célébrité qu’il connaît actuellement. Nous allons ainsi nous pencher sur son cas, quelque peu insolite et intéressant à analyser.

Basé sur un corpus de 188 articles, issus de quatre journaux de lignes éditoriales différentes – Libération, Le Monde, Le Figaro et Télérama – nous allons essayer de comprendre le processus de médiatisation, analyser le parcours médiatique du jeune rappeur Orelsan et ainsi se demander : comment a évolué l’image du rappeur à travers les médias ces dernières années ?

Pour ce faire, nous avons décidé de réduire le nombre d’articles, les plus pertinents et suivant les périodes de retombées médiatiques plus ou moins importantes, et conserver une vingtaine pour appuyer notre analyse sur l’évolution de l’image de l’artiste.

Ainsi, en s’appuyant sur les périodes les plus médiatisées, dans une première partie, nous verrons son début de carrière difficile ; tandis que dans une deuxième partie, nous observerons son ascension fulgurante.


Début de carrière difficile (2008-2011)

Forte polémique autour de son album


Orelsan, de son vrai nom Aurélien Cotentin, est un rappeur normand actif dans le milieu de la musique dès 2006, avec par exemple, son célèbre titre Saint-Valentin, ou le très controversé Sale Pute, la plupart des titres étant en collaboration avec un autre artiste du nom de Gringe.

Pourtant, la première fois qu’un article a fait mention du nom de ce rappeur « Orelsan » date du 24 Novembre 2008, dans le journal Libération, qui le compare au rappeur blanc américain Eminem et fait la promotion de son futur album, avec une note quelque peu optimiste : «Porté par quelques hits MySpace, Sale pute (au texte d'une violence proprement inouïe) ou Saint-Valentin, OrelSan, 26 ans, sortira mi-février son premier album, Perdu d'avance, signé sur une nouvelle structure, 3e Bureau. S'il continue à s'affranchir du modèle déposé Eminem, son nom devrait circuler de plus en plus dans les mois qui viennent.»


En effet, son nom circulera de plus en plus dans les mois qui suivent mais pas pour une noble cause : son titre de musique Sale Pute. Alors qu’en même temps, le journal Libération tente de valoriser le jeune homme qui se définit comme « un enfant des années 90 » , considéré comme « la dernière coqueluche du rap français » ou bien comme un « petit phénomène » et qui retrace le début de sa carrière, d’autres journaux, tels que Le Figaro, ou Le Monde s’accapare de la polémique entourant le titre Sale Pute. Il va de soi que durant cette année 2009, on peut observer, grâce au graphique ci-dessous, le plus gros pic de médiatisation de toute la carrière d’Orelsan, suite à la sortie de son premier album qui déclenchera cette polémique. Cette période de médiatisation débute en Février 2009 et se termine en Novembre 2009, avec un total de 57 articles sur le corpus complet, qui couvre 30, 3% de la totalité des articles. On notera également que dans cette période, le nombre d’articles le plus élevé se situe entre Mai et Août 2009, avec un total de 18 articles – période estivale, idyllique pour les concerts, et festivals, comme nous verrons par la suite.


Datant d’avril 2009, le premier article, sur un ton fort dépréciatif, relatant de la polémique est issu de Télérama qui dénonce « L'ode à la violence conjugale version rap» et des paroles « nullissimes » et « passé[es] de mode ». Le même jour, le journal Libération nous apporte plus de précisions en indiquant que plusieurs organisations ont décidé de retirer Orelsan de la liste des invités, pour une question d’éthique : « Des responsables de salles veulent aussi faire le ménage en radiant Orelsan de leur programmation. Cluses et Bruxelles (Botanique) passent à la trappe, Poitiers aussi. Le responsable de la salle a demandé la liste des chansons qu'Orelsan comptait interpréter et il a souhaité en enlever quatre », explique Stéphane Espinosa, directeur du 3e Bureau, le tout nouveau label qui a signé le rappeur. Le manager d’Orelsan explique cette réticence de la part des organisations en développant une problématique sous-jacente : « Ce cas pointe surtout le décalage culturel et sémantique qui existe entre la génération que représente Aurélien et la vacuité des politiques par rapport à cette jeunesse française, élévée aux Guignols et à Borat, qui n'a pas du tout la même méthode de lecture qu'eux de la société actuelle. » qu’Orelsan traduit par « Les vieux ne comprennent pas ce qui se passe dans la tête des jeunes. » Vincent FAYOLLE, d’après son ouvrage Les langages du politique tente d’expliquer les raisons de ce décalage culturel, et cette incompréhension des générations par le choix d’une utilisation d’un langage spécifique, souvent codifié et compris par une partie de la population : « Le discours rap nous semble constituer en lui-même un mode et un champ de positionnements vis-à-vis de l’ensemble des domaines du politique apparaissant dans sa définition traditionnelle. Mais il use le plus souvent de stratégies de contournement ou de détournement (plus ou moins conscientes et implicites) de ces instances et institutions légitimes et légitimantes, à commencer par la langue. » S’ensuit d’autres articles, tout au long de l’année, comme Le Figaro, qui nous apprend que « la région Centre ne financera pas le concert d'Orelsan, 26 ans, prévu le 25 avril au Printemps de Bourges» suite à «des textes (…) jugés ‘’dégradants’’ et ‘’inacceptables‘’ ».


Le même jour, Libération publie également un article, précisant que la région ne souhaite pas financer son concert, et qu’il se trouve « dans le collimateur de certaines associations (Ni putes ni soumises...) et personnalités (Christine Albanel, ministre de la Culture, Marie-Georges Buffet du PCF...), qui ne digèrent pas le texte ». Mais à la différence du journal Le Figaro, Libération nous apprend que le concert aura tout de même lieu car « le fondateur du Printemps de Bourges maintient le concert du rappeur Orelsan, malgré les menaces puritaines de rétorsion budgétaire. » en se justifiant : « Nous avons engagé ce jeune artiste pour une prestation qui, comme son album, n'inclut pas la chanson Sale Pute. Pour cette raison, nous ne déprogrammerons pas Orelsan, car nous assumons nos choix... Le Printemps de Bourges estime qu'il n'a pas à être complice d'un véritable tribunal populaire qui tente de se substituer à la justice dans un État de droit...». A travers ces exemples, on peut voir une certaine influence de la part du journal et de sa ligne éditoriale : alors que Libération conserve un avis neutre, voir appréciatif de la situation en mentionnant la totalité des faits, Le Figaro privilégie la polémique sans faire mention de l’issu final de la situation qui est plutôt en faveur de l’artiste. On peut donc penser que les journaux ne gardent pas leur impartialité dans tous les sujets sur lesquels ils traitent en triant les informations jugées utiles ou inutiles, tout en orientant les jugements de ses lecteurs.


Peu de temps après la fin du festival Printemps de Bourges, les retombées médiatiques commencent à poindre et c’est non sans surprise, le journal Le Figaro qui écrit un article, le même mois, concernant le déroulement de ce festival, en le qualifiant de « concert explosif », et déclarant même le moment passé sur la scène d’Orelsan d’« un autre des nombreux bons moments de la semaine, bon enfant et vivifiant ». Le lendemain, c’est au tour du journal Le Monde de le désigner comme « un bon concert sans incidents », néanmoins sans oublier de rappeler les faits qu’on a pu lui reprocher par le passé : « Fin mars, une polémique a enflé à propos d'une chanson, Sale pute, interprétée par Aurélien Cotentin, alias Orelsan. Écrit en 2007, ce titre, dont le clip autoproduit est diffusé sur Internet, met en scène un garçon trompé qui accable sa copine d'insultes et de menaces. Choqués par ce qu'ils considèrent comme une apologie de la violence faite aux femmes, des internautes se mobilisent afin d'empêcher les concerts du rappeur, en particulier celui prévu au Printemps de Bourges. Face au lobbying de "blogueuses", des associations et personnalités politiques montent à leur tour au créneau. Un festival bruxellois et deux salles de concerts, à Poitiers et à Cluses, annulent la venue d'Orelsan ».


Ce passé outrageux, avec la polémique de son titre Sale Pute, Orelsan continuera de le subir, qui aura non seulement des retombées médiatiques, car dès Juillet de la même année, un nouvel article du journal Le Monde nous apprend que sa venue pour le festival des Francofolies de la Rochelle a été annulée «à la suite d'une polémique survenue au printemps autour de sa chanson Sale pute », prétextant une volonté de « ne pas faire un concert sous pression», mais aussi des retombées politiques.

En effet, le jour du ledit festival, Le Figaro publie un article qui relate de la confrontation principale d’idées entre deux partis : «L'UMP apporte un soutien appuyé à un rappeur controversé dont la participation aux Francofolies de La Rochelle a été contestée par Ségolène Royal, la présidente de la Région Poitou-Charentes, qui subventionne le festival. L'ancienne candidate PS à l'Élysée reprochait à ce chanteur, Orelsan une chanson très virulente, intitulée Sale pute, et qu'elle juge inciter à la violence envers les femmes». Polémique qui refait surface dès Octobre 2009, dans un article du journal Libération où il question de redéfinition de la culture légitime, où la problématique de l’article peut se résumer en une question : « Peut-on tout dire sous prétexte que la musique est de l’art ? » exemplifiée par le cas récent du jeune rappeur Orelsan, où le doute quant à la légitimité des paroles dans ses titres est permis selon certains acteurs de la vie politique : « Le ministre [François Mitterrand] invoquait déjà la liberté de l'artiste pour défendre le rappeur Orelsan, banni des Francofolies en juillet. Alors que des féministes protestaient contre sa violence verbale (dans une chanson, l'auteur de Sale pute parle de «marie-trintigner» une femme), lui n'y trouvait « rien de choquant ni de répréhensible » : comparant Orelsan à Rimbaud, il jugeait "cette polémique tout à fait ridicule"


Période de mise en retrait du chanteur


Après cette période fortement médiatisée autour de la polémique du chanteur normand, les années qui suivront seront plus clémentes. En effet, en 2010, seuls 8 articles relateront d’Orelsan, - ce qui représente 4 % du corpus total - et où le nombre d’articles par mois le concernant n’excédera pas 2 articles. Néanmoins, ces quelques articles ne font que mention du passé tumultueux du chanteur, en rappelant sans cesse, la dimension négative de la carrière du chanteur, avec par exemple, un article publié dans Libération, en Avril 2010 : « Cette année encore, le Printemps de Bourges s'ouvre au rap français, mais avec beaucoup moins de tapage qu'en 2009, où Orelsan et sa Sale Pute avaient cristallisé critiques et invectives » ou encore l’article de Septembre 2010, du même journal : « En 2009, la région Centre avait mis son nez dans la programmation du Printemps de Bourges et supprimé une subvention en raison de la présence du chanteur Orelsan aux textes jugés "misogynes". »


Le chanteur Orelsan sera tout aussi peu présent dans les médias durant l’année 2011 : il y aura seulement 7 articles de publiés durant cette année. Publiés pour notamment, rappeler les faits qui lui ont été reprochés, qui le poursuivent toujours deux années plus tard, d’après un article de Le Monde, mais pour aussi faire parler de son début de changement de carrière, qui se traduit par la sortie de son nouvel album, mais aussi par son apparence physique différente, qui signera son retour prochain qui semble plus prometteur dans les médias : « Orelsan a perdu le visage poupin qu'il affichait sur son premier album, Perdu d'avance. Il a les traits amincis, raccords avec le look de vengeur masqué qu'il arbore sur la pochette de son second opus, Le Chant des sirènes. Comme si le rappeur voulait s'éloigner de l'image du loser pour endosser la panoplie du super-héros avide de revanche. » Libération dressera même un portrait de l’artiste, sous forme d’un très long article, qui lui découvre des qualités insoupçonnées jusqu’à ce jour : « Le rappeur ironique de 29 ans, initialement propulsé par une polémique, s'avère lucide, bosseur, évolutif ».




En résumé, en s’appuyant sur les tableaux ci-contre, durant cette première période, de 2008 à 2011, on assiste à une forte médiatisation, qui est principalement dû au journal Libération qui publie 38 articles – ce qui représente 52 % du total des articles publiés ! - en raison de la sortie du très controversé titre Sale Pute, suite à la sortie du premier album du chanteur Perdu d’Avance, en Février 2009, mais aussi durant les périodes où de nombreux concerts et festivals ont lieu, soit de Mai à Août 2009, qui a été la plus marquante en terme de nombre d’articles puisque cette période comptabilise 18 articles – le maximum d’articles par mois atteint dans toute la période étudiée. A cette époque, la presse relaie une image assez néfaste du chanteur, sur un ton souvent accusateur, avec un champ lexical de la violence très prenant, avec des termes comme « polémique », « menaces », « insultes », « virulent », « violence verbale », etc.

On s’aperçoit aussi que les journaux qu’ils soient de ligne éditoriale de gauche ou de droite - bien que les lignes éditoriales de gauche, comme le journal Libération, montre davantage les nombreux soutiens (de la part de politiciens, ou d’autres chanteurs) que le chanteur a pu bénéficier – s’inscrivent dans cette démarche et font circuler une image dépréciative du chanteur. Cependant, cette image tend à évoluer, de par sa faible présence dans les médias suivant les années de médiatisation, voire son absence totale de Novembre 2010 à Juin 2011, et par la nouvelle représentation, quand elle est médiatisée, plus encourageante du jeune rappeur.



Une évolution dans le discours médiatique sur Orelsan (2012 à 2015)

L’année 2012, Orelsan est très présent dans les médias


En 2012, il y a un nouveau grand pic : les médias s’intéressent beaucoup à Orelsan pendant cette année.

Tout d’abord, fin Février il y a les Victoires de la musique. Ainsi début Mars il y a eu beaucoup d’articles concernant Orelsan. En effet, il a gagné deux prix lors de cette cérémonie et les journalistes en font état : « Le rappeur Orelsan, autre vedette de la soirée avec ses Victoires "album de musiques urbaines" (Raelsan) et "révélation du public". Des prix aux allures de revanche pour celui dont une chanson de jeunesse, Sale Pute, diffusée sur le Net, avait créé en 2009 une polémique, l'accusant d'encourager la violence sexiste. » Avec ses deux récompenses, Orelsan continue de s’imposer dans le monde du rap et « confirme son influence ».


En cette début d’année 2012, les journalistes portent un discours positif sur le rappeur Orelsan, grâce notamment à ses deux prix. Comme le souligne l’article du Monde, les prix sont comme une revanche pour Orelsan : « Des prix aux allures de revanche pour celui dont une chanson de jeunesse, Sale Pute, diffusée sur le Net, avait créé en 2009 une polémique, l'accusant d'encourager la violence sexiste. » Les journalistes évoquent Orelsan d’une bonne façon : ils évoquent son succès et la qualité de son travail artistique (succès de ses albums, Victoires de la musique, influence grandissante etc.), en faisant abstraction de son passé (polémique etc). Cet aspect peut faire écho à l’article de L. Béru Le rap français, un produit musical postcolonial ? (2009). En effet, dans son article, L. Béru écrit notamment : « Pour les médias, interviewer et évoquer des rappeurs devenus peu ou prou consensuels, après avoir débuté dans une atmosphère hip hop dissidente, c’est montrer au grand public des personnalités du rap "assagies" - c’est comme si ces rappeurs avaient reconnus les erreurs de leur parcours ».


Cependant, la polémique n’est pas tout à fait oubliée à La Réunion car elle refait surface fin Mars 2012. En résumé : la région supprime la subvention du plus grand festival de l’île (Safiko) parce qu’il programme Orelsan. Suite à l’annonce de la venue d’Orelsan à ce grand festival, « un collectif de lutte contre les violences intrafamiliales a protesté contre la venue d'Orelsan, relayé par l'Alliance, principale force d'opposition qui réunit le Parti communiste réunionnais et des personnalités de la société civile ».

Pendant cette période de début 2012, les journalistes mettent donc l’accent sur le succès d’Orelsan (bon accueil de ses albums, prix aux Victoires de la musique). De plus, le public, lui aussi, semble avoir oublié cette histoire. Cependant, ils parlent à nouveau de la polémique de Sale pute suite aux événements de La Réunion mais ne portent pas un discours négatif sur Orelsan.


La polémique n’est pas terminée non plus au niveau de la justice. En effet, en Mai 2012, Orelsan est convoqué au tribunal, d’où le nombre important d’articles à cette période (17 tous journaux confondus). Orelsan est donc jugé pour « provocation au crime » suite à sa chanson Sale pute qui a fait polémique en 2009. L’association Ni putes ni soumises poursuit le rappeur parce qu’elle estime qu’il réalise l’apologie de la violence dans ses textes et notamment dans cette chanson. Globalement, à ce moment, les articles des journalistes sont assez neutres. La construction des articles est d’ailleurs similaire pour Le Monde, Le Figaro et Libération. En effet, on retrouve le même schéma : rappel des faits, explication du déroulement du la convocation avec les arguments des deux parties et enfin annonce de la date du rendu de la décision. Pour exemplifier, nous allons nous intéresser à l’article du Monde. Après avoir rappelé les faits, l’article expose les arguments d’Orelsan et de Ni putes ni soumises. L’accent dans les articles est les arguments du rappeur. Orelsan défend sa liberté de création et d’expression tout en rappelant que sa chanson est une fiction : « Il s'agissait de montrer comment une émotion peut transformer un être humain en monstre, a expliqué l'artiste sacré deux fois aux Victoires de la musique en mars et venu avec sa compagne. Ce n'est pas quelque chose que je cautionne. C'est de la fiction, de l'hyperbole. Ce type à l'air assez ridicule » Cet exemple avec l’article du Monde, tout comme ceux de Libération ou du Figaro, montre que les journalistes sont neutres face à cet événement. En Juin la décision du tribunal est rendue et les journaux en parlent. Ils sont toujours neutres quant à la relaxe d’Orelsan, à l’image de l’article de Libération : « Poursuivi par Ni putes ni soumises (NPNS) pour «provocation au crime», le rappeur caennais Orelsan a été relaxé, hier, par le tribunal correctionnel de Paris »


Arrive ensuite une période où les journalistes parlent d’Orelsan en bien. En effet, en cette fin d’année 2012, le rappeur est valorisé dans les journaux pour deux raisons principales. Tout d’abord, il est présent sur l’album de Benjamin Biolay et sa participation est appréciée. Ainsi dans un article de Télérama, il est possible de lire en parlant du nouvel album de B. Biolay : « Quatorze titres, des sons électro dansants, l'écho des années 1980, un peu de rap, des mots en anglais et en espagnol, quelques invités de marque : Vanessa Paradis, Carl Barât, Julia Stone, Oxmo Puccino ou Orelsan (sans doute le plus convaincant).» La participation d’Orelsan sur cet album est donc bien reçue chez les journalistes puisqu’elle est qualifiée de « convaincante ».


D’autre part, encore plus marquant dans la façon positive de parler d’Orelsan : lors d’une annonce de concert, le rappeur est très valorisé par les journalistes. Par exemple, Odile de Plas écrit dans Télérama: « La bonne idée, c'est d'avoir pris un groupe. Un vrai, avec guitares, cuivres, claviers, DJ. Les amateurs de rap y verront des similitudes avec les Américains de The Roots. Les amoureux de la chanson française avec un orchestre de belle variété. Les deux vont à Orelsan, rappeur normand controversé, devenu avec son dernier album en date, Le Chant des sirènes, artiste populaire.

Sur scène, le jeune trentenaire assume ce nouveau statut avec une exigence qui force le respect. Il semble avoir grandi, littéralement. Et musicalement, tout y prend de l'ampleur. Alors, pour éviter la pompe, lui ne quitte jamais ses vannes à deux balles, cette ironie cruelle qui fait le sel de ses textes et le comique de son show. Il y ajoute aussi une tendresse qu'on ne lui connaissait pas. Reprise en choeur, La Terre est ronde pourrait virer à l'hymne naïf. Il en fait un pansement réconfortant, juste avant son morceau final : Suicide social » Ainsi en cette fin d’année 2012, le rappeur Orelsan est valorisé par les journalistes qui parlent de lui en bien. De plus, ils reconnaissent son travail musical ainsi que son succès et influence grandissante dans le monde du rap et chez le public.


L’année 2012, qui a été la période la plus complète en termes d’articles dans cette seconde moitié de l’analyse, fortement relayé (à nouveau) par le journal Libération avec 52 % d’articles lui appartenant, a donc été importante pour notre travail dans la mesure où les journaux ont largement parlé d’Orelsan pour différentes raisons. De manière générale, les articles le concernant sont neutres ou positifs.







Entre procès et productions artistiques (2013 à 2014)


Pendant ces deux années, quand les journalistes parlent d’Orelsan, ils mettent l’accent sur la suite de ses problèmes judicaires.

En Mai Juin 2013 ainsi qu’en Février 2014, il y a un grand nombre d’articles au sujet de ses problèmes de justice. En effet, il y a encore des poursuites contre lui engagées par des associations féministes, mais cette fois par rapport à sa chanson Saint Valentin. La nature de ces poursuites sont toujours les mêmes : injures envers les femmes et provocation à la violence : « Poursuivi par cinq associations féministes, Orelsan a notamment été condamné pour des paroles telles que « les meufs, c'est des putes », ou « ferme ta gueule ou tu vas t'faire marie-trintigner », tirées d'un morceau écrit en 2006, Saint-Valentin » Les journalistes exposent juste les faits mais en portent pas de jugements. Il explique que le rappeur est à nouveau convoqué au tribunal puis transmettre la décision du tribunal. Ils rappellent également qu’en 2012 le tribunal l’avait relaxé par rapport aux poursuites concernant sa chanson Sale pute.

Durant ces deux années, il y a aussi un certain nombre d’articles concernant des annonces de concerts et/ou festivals comme celui de Libération par exemple. Il y a aussi un grand nombre d’articles sur le fait qu’Orelsan fait des featurings avec d’autres artistes. Les articles mettent surtout l’accent sur la participation d’Orelsan sur des titres de Stromae. Cette collaboration est bien perçue dans les articles des journalistes, qu’ils qualifient de manière positive. De plus en 2013, Orelsan sort un album avec Gringe dans le cadre de leur duo (ensemble ils forment les Casseurs Flowters) mais dans notre corpus il n’y a aucun article sur ce sujet.

Ces deux années sont des années où il y a beaucoup moins d’articles sur Orelsan puisqu’il n’y a pas eu d’événements marquants et nouveaux. Nous pouvons juste noter qu’il y a eu tout de même une légère augmentation du nombre d’articles sur cette période aux moments où Orelsan est convoqué au tribunal.


La fin d’année 2015 assez médiatisée


L’année médiatique d’Orelsan est divisée en deux parties en 2015. D’abord, dans la première moitié de l’année, les journalistes ne s’intéressent pas beaucoup à ce rappeur. En effet, il n’y a pas d’actualités particulières le concernant. De temps à autre, des articles en parlent lors d’une annonce d’un concert ou d’une participation sur une chanson avec un autre artiste.

Cependant, il y a une rupture fin Août et début Septembre : il y a beaucoup plus d’articles sur Orelsan à partir de ce moment là. D’une part, les journalistes s’intéressent à Orelsan puisqu’il participe à une production de Canal+ avec son acolyte Gringe. En effet, les deux rappeurs sont dans « Bloqués » dans Le Petit Journal. Cependant, concernant les vidéos « Bloqués » il y a relativement peu d’articles et peu de jugement de valeurs. Les articles à ce sujet sont donc plutôt des annonces de cette nouvelle création de la chaîne. Il est possible de lire des phrases simples et plutôt anodines sur la micro-série Bloqués, comme par exemple : « Ils [les Casseurs Flowters c’est-à-dire Orelsan et Gringe] diffusent ensemble ces jours-ci sur Canal + des ratiocinations fourbues sur un canapé dans la vignette Bloqués. »


Les journalistes s’intéressent davantage à une autre actualité concernant Orelsan. En effet, le rappeur écrit et produit un film qui sort en Décembre 2015. Le film est en quelques sortes une dimension autobiographique. A noter également que les chansons du film sont écrites et chantées par le duo Casseurs Flowters et constituent un album. Les articles concernant son film « Comment c’est loin » sont positifs. Libération qualifie le film avec les adjectifs assez élogieux : « sympathique et amusant ». Dans Le Monde, Isabelle Regnier écrit en autre « Le premier film du rappeur OrelSan dépeint avec humour et noirceur le désert culturel des zones périurbaines ». D’ailleurs tout cet article du Monde est assez élogieux sur Orelsan et son évolution artistique depuis ses débuts. Ainsi dans leur article, Libération et Le Monde portent un avis positif et formulent des critiques avantageuses à propos du film et à travers celui-ci Orelsan. Il est également intéressant de noter que Le Figaro lui n’a écrit aucun article sur la sortie du film.



Conclusion


En définitive, la carrière médiatique d’Orelsan débute en 2009. En effet, il sort son premier album mais son passé le rattrape : des anciennes chansons telles que Sale pute reviennent sur le devant de la scène, ce qui créé la polémique. Orelsan est donc très visible dans les journaux à ce moment. A cette époque, les journaux prennent des positions différentes quant à ce sujet. Libération essaie de défendre le rappeur, tandis que Le Monde et Le Figaro mettent l’accent sur la polémique en elle-même et ses conséquences (annulation de concert par exemple). De manière générale, au début de sa carrière médiatique, les articles concernant Orelsan sont assez dépréciatifs, même si de temps en temps Libération propose des articles présentant Orelsan sous un autre aspect (qualités etc.) notamment lors de la sortie de son deuxième album.

Par la suite, dès 2012 avec ses prix lors des Victoires de la musique, les articles évoquent le rappeur de façon beaucoup plus positive voire parfois élogieuse (collaboration etc). Malgré son succès, les poursuites judiciaires ne sont pas terminées et jusqu’en 2014 des articles font état de ses procès et convocations au tribunal. Cependant, ces articles n’accablent pas le rappeur : ils exposent juste les faits dans un but d’information, cela sans porter de jugements.

Après une période de flottement en 2013 et 2014 dans laquelle il y a eu relativement peu d’articles, les journalistes s’intéressent à nouveau à Orelsan dans la deuxième partie de l’année 2015 suite à ces nouveaux projets (Bloqués sur Canal+ et son film Comment c’est loin).

Ainsi, la carrière médiatique d’Orelsan a évolué depuis 2009 : d’abord critiqué et déprécié dès 2009, il est devenu un rappeur plutôt respecté dans les médias à partir de 2012. Cependant malgré cette évolution, la polémique ne l’a jamais vraiment quittée.


Ce tableau retrace l’ensemble des articles qui ont concerné la médiatisation du chanteur Orelsan, où trois pics majeurs, de Février à Novembre 2009, de Février à Août 2012 et Mai 2013 sont clairement discernés, avec une participation toujours élevée de la part du journal Libération, qui atteint toujours le sommet le plus haut des pics de médiatisation.


Bibliographie :

  1. Ouvrages universitaires :

  • FAYOLLE, Vincent «Mots. Les langages du politique.» (2002)

  • BERU, Laurent « Le rap français, un produit musical postcolonial ? » (2009)

  1. Articles des journaux

  • Le Monde

  • Le Monde, 28 avril 2009, » p. 20

  • Le Monde, 6 juillet 2009 p. 17

  • Le Monde, mardi 27 septembre 2011, p. 26

  • Le Monde. Culture, mardi 6 mars 2012, p. 21. Stéphane Davet

  • Le Monde, Société, mercredi 9 mai 2012, p. 17

  • Le Monde, Société, mercredi 9 mai 2012, « p. 17.

  • Le Monde, Culture, lundi 3 juin 2013, p. 12

  • Le Monde, Culture, mercredi 9 décembre 2015, p. 21

  • Libération, no. 8570, 24 novembre 2008, » p. 29

  • Libération, no. 8641, 17 février 2009, p. 23

  • Libération, no. 8681, samedi 4 avril 2009, p. 6

  • Libération, no. 8684, 8 avril 2009, p. 33

  • Libération, no. 8850, 23 octobre 2009, p. 24

  • Libération, no. 8994, 13 avril 2010, p. 20

  • Libération, no. 9133, 23 septembre 2010, p. 10

  • Libération, 29 septembre 2011, » p. 32

  • Libération Culture, samedi 31 mars 2012, p. 27

  • Libération Culture, mardi 8 mai 2012, p. 32

  • Libération Culture, mercredi 13 juin 2012, p. 24

  • Libération, Culture, vendredi 16 août 2013, » p. 23

  • Libération, Écrans, vendredi 6 décembre 2013, p. 36

  • Libération, Culture, mercredi 9 décembre 2015, p. 33

  • Libération, Écrans, samedi 12 décembre 2015, p. 36

  • Le Figaro

  • Le Figaro, no. 20121, 8 avril 2009, p. 32

  • Le Figaro, no. 20137, 27 avril 2009,, p.26

  • Le Figaro, no. 20203, 14 juillet 2009, , p.4

  • Le Figaro, no. 21023 Lundi 5 mars 2012, p. 42

  • Le Figaro, no. 21077, mardi 8 mai 2012, p. 20

  • Télérama, no. 3090, 4 avril 2009, p. 9

  • Télérama, no. 3269 Samedi 8 septembre 2012p. 32

  • Télérama, no. 3279 Samedi 17 novembre 2012, p. 99


 
 
 

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